Les Amis de Christia SYLF
La romancière aux faims essentielles
Voici le quatrième épisode d'une oeuvre aujourd'hui inégalée et inclassable, indescriptible, incroyable, immodérée?rrestible, celle de Christia Sylf.
Mais où va t'elle pêcher ces tableaux d'un passé immémorial ? dans les archives de l'univers directement, les annales akashiques ou dans son inimaginable imagination ?
Comment a-t-elle forgé son style, véritable torrent verbal qui bombarde le lecteur avec une précision calculée, l'atteignant à tous les niveaux de la sensualité, de l'émotion et de l'intelligence? Sylf a surgi dans la littérature avec « Kobor Tigan », épopée barbare qu'on a hésité à placer dans le fantastique, l'ésotérisme ou la science fiction: en réalité, son oeuvre n'emprunte guère à ces 3 genres, ayant le sien propre pour suivre un groupe d'êtres (dont un, au moins, non humain) d'avatar en avatar au long du temps et de l'espace terrestre.
'' La Reine au Coeur Puissant'' qui vient de paraître, conte l'épanouissement et le règne d'un(e) androgyne sur la Chine archaîque.
C'est d'une beauté fabuleuse, même si on préfère les splendeurs dorées et cristallines de Markosamo en Atlantide.
Ce style et ce genre sont de ceux qui suscitent les détracteurs farouches et les inconditionnels éblouis.
On a compris dans quelle catégorie, avec délices, je me situe.
Tchalaï DERMITZEL
En Chine archaïque, deux mille ans avant notre ère, ils se retrouvent, pour s'aimer ou se haïr, pour se soutenir ou s'affronter, selon les effets de leur karma, préétablis par les actes de leurs incarnations précédentes. Leur maître intemporel veille toujours sur eux : KÉBÉLÉ est devenu le Houa-jen, le Mage.
Évoluer, mourir à soi-même pour renaître initiatiquement, ce sont là des étapes humaines véritablement alchimiques !
Et l'auteur a respecté au long du récit les phases exactes du Grand-Œuvre, dont le déroulement s'objective dans et par un être prédestiné : la Reine au Cœur Puissant. En cette Li-tchong de prodigieuse nature, Yin et Yang se conjuguent pour lui donner la finesse de la Femme et la force de l'Homme.
Progresser, gouverner, défendre le Chan-si, rassembler aussi les membres de sa famille spirituelle, les harmoniser, et se transmuer elle-même, telle sera son œuvre inoubliable, dont les Annalistes du temps notèrent pour la postérité les surprenants événements « qu'un Céleste Dragon ensemença... »
La Chine, La Vieille Chine, cette Autre Terre, insérée dans notre terre mais non intégrée, planète insolite sur notre planète, LA CHINE, son passé immémorial, son luxurieux fond traditionnel, ses mythes somptueux et terrifiants, son intelligence de la combinatoire des éléments, son don pour nommer et personnaliser toutes choses, l'étroite adhésion de son vivre aux rythmes de la Nature, sa science des dynamismes, ses structures mentales différentes des nôtres et débouchant sur d'autres logiques, sa certitude de l'Immuable jointe à celle du Changement, sa connaissance enfin dans l'Art des Transmutations, tout cela qui fait La Chine m'a toujours attirée et passionnée.
De même j'ai toujours été attirée et passionnée par l'Alchimie.
Mais, d'abord, pourquoi la Chine ? Parce que, d'une certaine manière, une importante partie de mon être est à elle seule une vieille Chine. Celle-ci, également autre planète dans ma planète personnelle, s'insère en moi, dans ce que j'ai de terrestre, sans s'y intégrer vraiment. Mais elle est là, indubitable et, surtout, accessible. Et si elle ne vient pas couramment vers moi, par le fait de notre vie présent, je peux toujours librement aller à elle, la retrouver, m'harmoniser de nouveau à ses lois spécifiques, à tout ce dont elle est gardienne.
Ensuite, pourquoi l'Alchimie ? Parce que pour moi, comme pour quelques autres heureusement, Elle est la Clé des Clés, étant la Chimie de El, c'est-à-dire de Dieu et que tout, absolument, tout, en Haut comme en Bas s'élabore selon le processus alchimique.
Il m'a donc paru piquant et étrange de réunir Alchimie et Chine en un roman dont le déroulement et les temps forts seraient de la première, tandis que les éléments, les décors, le matériel foisonnant participeraient de la seconde.
A noter qu'Alchimie et Chine ne sont nullement étrangères l'une à l'autre, bien au contraire, puisque ce pays est le premier à attester historiquement de la pratique de l'Art Royal : Les Sages Taoïstes connaissaient Le Cinabre et les vertus de La Longue Vie. Et d'autres Sages avant eux certainement, dans la poussière des Antérieurs...
Et, bien que ce récit se situe deux millénaires avant toute codification écrite du Taoïsme, il est certaine que les Arcanes alchimiques s'exprimaient déjà par le travers du « génie » chinois, tout imprégné de ces principes.
En étudiant les mythes chinois archaïques, l'on s'aperçoit bien vite qu'ils « parlent » le même langage symbolique que les Maîtres alchimistes occidentaux. J'ai eu la joie d'y redécouvrir, pas à pas, bon nombre d'images-forces. Licorne, Dragon,Phénix ne sont pas les moindres. Jusqu'au « Mûrier Creux », homologue du « Chêne Creux », si cher aux Adeptes.
J'ai donc bâti tout ce récit, d'une part, avec la plus sincère fidélité aux traditions chinoises et, d'autre part, selon la progression exacte de toutes les Opérations du Magistère.
....La MATERIA PRIMA étant ici le Personnage Principal, connu sous le nom de :
Li-Tchong, la Reine au coeur puissant...
Sans aucun décor,
La sainte-Science parle à mi-voix pour les Enfants...
Car dangereux, dangereux, dangereux est ce bas monde !
Surtout si tu es Sage Enseignant,
Donne aux gens le théâtre qu'ils veulent,
Joue la Grande Farce, couvre-toi de vêtements étranges,
D'ornement flatteurs, de signes vains,
Et promets-leur les mêmes ! C'est ce qu'ils désirent.
Alors : nombreux public, salles pleines !
Ils rient, pleurent, applaudissent et croient faire quelque chose.
Ils diront en sortant : « Nous, nous étions conviés,
Nous sommes entrés, nous avons vu la vérité ! »
Ils aiment l'illusion et l'appellent Réalité.
Alors, si tu es Sage, ouvre boutique d'onguents,
Fais sauter tes singes ou peuple ton théâtre !
Les vaniteux viendront, pleins d'importance,
Feront du bruit, croiront jouer ta pièce,
Ils prendront les marionnettes et leur caquet
Pour l'Enseignement des Sages et s'agiteront comme elles.
Et toi, sous ce couvert, ô Sage Enseignant,
Tu transmettras sans péril aux rares Enfant
Pour qui le manteau du Souverain n'est pas le Souverain.
Car dangereux, dangereux, dangereux est ce bas monde
Pour la Sainte-Science parlant à mi-voix,
Sans aucun Décor..... ( c'est ce qu'en disait le Hua-jen )